Partie 3 : Kosen rufu et la paix mondiale
Chapitre 27: La relation de maître et disciple est au cœur de la Soka Gakkai [27.6]

27.6 Que signifie être un bon maître dans le bouddhisme ?

À partir d’un passage des écrits de Nichiren, le président Ikeda explique qu’un bon maître en bouddhisme est celui qui lutte pour ouvrir la voie de la vaste transmission de la Loi, au cœur même des difficultés et des oppositions.

J’aimerais revenir sur un passage des écrits de Nichiren. On lit dans Réponse à Sairen-bo :

« Il faut être bien conscient aujourd’hui de la nécessité de faire la distinction entre les maîtres de l’enseignement correct et ceux des enseignements erronés, entre les bons et les mauvais. Il faut s’écarter des mauvais maîtres aux enseignements erronés, et se mettre en relation avec ceux qui sont justes et bons. » (Écrits, 313)

En ce qui concerne les maîtres, il y en a des bons et des mauvais. « Recherchez les bons maîtres ! Évitez les mauvais ! Développez la sagesse qui permet de faire la distinction entre les deux. Ne soyez pas dupes ! » – telles sont les instructions solennelles de Nichiren. Nous ne devrions pas suivre un maître aux vues erronées ; sinon, ses enseignements exerceront sur nous une influence négative.

Quel est, par conséquent, le bon maître que nous devons rechercher ? C’est la personne qui prie et transmet la Loi merveilleuse avec un dévouement altruiste, tout en luttant contre les « trois puissants ennemis1 » du bouddhisme. On reconnaît les véritables maîtres de la Loi au fait qu’ils ont rencontré des difficultés et des persécutions, comme celles décrites dans le Sûtra du Lotus. C’est la préoccupation principale de Nichiren. Il fustigea les adeptes des autres écoles, qui déclaraient sans fondement exceller dans la compréhension et la pratique du Sûtra du Lotus (cf. Écrits, 315). Il souligna notamment que pas un seul d’entre eux n’avait été confronté aux rudes persécutions que lui-même avait connues.

La vie de Nichiren fut véritablement une suite ininterrompue de persécutions. Il fut exilé deux fois à la suite d’accusations fausses et malintentionnées, et il faillit être exécuté. Il fut attaqué à de nombreuses reprises et traversa d’innombrables épreuves. Toutes ces conditions hostiles s’accordent parfaitement avec les prédictions du Sûtra du Lotus.

C’est pourquoi Nichiren écrit que les croyants des autres écoles bouddhistes, qui prennent un air supérieur mais n’ont jamais subi de persécutions, sont tous des maîtres aux enseignements erronés. Et il insiste sur le fait que lui seul devrait être considéré comme le bon maître pour avoir enduré des persécutions, les unes après les autres (cf. Écrits, 315).

Qui a suivi fidèlement Nichiren et a ouvert la voie du kosen rufu mondial à l’époque mauvaise de la Fin de la Loi ? Et qui, de ce fait, a été en butte aux calomnies et aux critiques, à une haine et à une jalousie encore pires qu’à l’époque du Bouddha, comme le prédit le Sûtra du Lotus (cf. SdL-XIII, 189 ; et SdL-X, 166) ? Ce sont uniquement les deux présidents fondateurs de la Soka Gakkai et moi-même, le troisième président, qui sommes unis par les liens de maître et disciple.

Le président fondateur Tsunesaburo Makiguchi fut jeté en prison parce qu’il s’efforçait de protéger le cœur même des enseignements et doctrines corrects de Nichiren et il y mourut en martyr pour ses croyances. Le deuxième président, Josei Toda, fut également incarcéré. Il survécut à deux années d’interrogatoires intenses et à des conditions de détention particulièrement pénibles – un calvaire qui fut par la suite à l’origine de sa mort prématurée. En tant que troisième président, j’ai été moi aussi emprisonné à la suite de fausses accusations. J’ai été la cible de diffamations et de calomnies incessantes – la plupart du temps par d’anciens membres malveillants de la Soka Gakkai, dont les mensonges flagrants ont été repris et diffusés par la presse à scandale.

Tous les obstacles rencontrés par MM. Makiguchi et Toda et par moi-même s’accordent parfaitement avec le Sûtra du Lotus et les écrits de Nichiren. En effet, nous seuls avons porté tout le poids des persécutions et des attaques, et nous avons lutté contre « les trois obstacles et les quatre démons2 » et les « trois puissants ennemis », sans jamais dévier ne serait-ce qu’un peu des enseignements de Nichiren. Mais chacun de vous le sait mieux que quiconque.

M. Toda m’a tout appris et m’a toujours donné le sentiment d’être apprécié et mis en valeur. Quand il échoua dans ses affaires et se trouva plongé dans une crise extrêmement grave, j’ai fait tout ce que j’ai pu, sans compter sur personne, pour l’aider et le soutenir. Il avait contracté des dettes considérables et je me suis employé à régulariser sa situation. Quand quelqu’un osait calomnier mon maître, je prenais immédiatement l’initiative de me confronter à cette personne sans attendre l’aide de quiconque. Quel que soit le statut des détracteurs, je leur parlais avec le courage, la sincérité et la franchise qui caractérisent la jeunesse, rétablissant avec ténacité la vérité jusqu’à ce qu’ils reconnaissent leurs torts à l’égard de M. Toda.

Dans le bouddhisme de Nichiren, l’essence même de la relation de maître et disciple réside dans les prières et les efforts déployés par le disciple pour soutenir le maître devant l’adversité.

MM. Makiguchi et Toda ne faisaient qu’un en cœur et en esprit ; comme M. Toda et moi-même. Les liens qui nous unissent en tant que maître et disciple transcendent la vie et la mort. Héritier du véritable esprit de M. Toda, j’ai lutté contre les « trois puissants ennemis » et j’ai fait de la Soka Gakkai la grande organisation que nous connaissons aujourd’hui. Mes deux prédécesseurs et moi avons ouvert la voie de maître et disciple. Cette voie est le socle. Tant que la Soka Gakkai perpétuera l’esprit de maître et disciple des trois premiers présidents, elle ne cessera jamais de se développer et de prospérer et accomplira le kosen rufu mondial.

Mon souhait est que vous, mes successeurs du département de la jeunesse, héritiez de l’esprit de lutter pour kosen rufu des trois premiers présidents et remportiez à coup sûr la victoire dans toutes vos entreprises. Je compte sur vous !

Texte extrait d’un discours prononcé à la réunion générale des responsables de la Soka Gakkai, Tokyo, le 9 mars 2006

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Trois puissants ennemis : trois sortes de personnes arrogantes qui persécutent ceux qui propagent le Sûtra du Lotus dans la période mauvaise qui suit la mort du bouddha Shakyamuni, décrites dans la dernière partie versifiée du chapitre « Exhortation à la persévérance » (13e) du Sûtra du Lotus. Le grand maître Miaole les désigne comme étant les laïcs arrogants, les moines arrogants et les faux sages arrogants.
  • *2Les trois obstacles et les quatre démons : divers obstacles et entraves à la pratique bouddhique. Les trois obstacles sont (1) l’obstacle des désirs terrestres, (2) l’obstacle du karma, et (3) l’obstacle de la rétribution. Les quatre démons sont (1) l’entrave des cinq composants, (2) l’entrave des désirs terrestres, (3) l’entrave de la mort, et (4) l’entrave du roi-démon.