Volume 30 : Chapitre 3, Nouvel élan 21–30
Nouvel élan 21
Ce soir-là [30 avril], Shin’ichi arriva au centre culturel de Kyushu [aujourd’hui centre culturel principal de Fukuoka] dans l’arrondissement de Hakata, à Fukuoka. Quand il sortit de sa voiture, il se dirigea aussitôt vers les membres rassemblés à l’extérieur.
Beaucoup d’entre eux avaient pensé qu’ils n’auraient pas l’occasion de rencontrer personnellement Shin’ichi. Ils furent donc ravis de le voir marcher vers eux en s’exclamant : « Merci ! Vous avez remporté une magnifique victoire ! »
Un homme et une femme âgée lui serrèrent longuement la main, comme s’ils ne voulaient pas le laisser partir. Une femme lui montra un magazine qu’elle avait apporté en disant : « J’ai pu ouvrir le restaurant dont j’ai toujours rêvé. Il est présenté dans ce magazine. Je vous en prie, venez dans mon restaurant. » « Je n’y manquerai pas », répondit Shin’ichi en souriant.
Des êtres humains partageant des liens forgés par la foi, des liens sans discrimination d’aucune sorte – telle est la caractéristique essentielle de la famille Soka.
Le lendemain, 1er mai, un grand nombre de membres se rassemblèrent au centre dès les premières heures de la matinée. En les voyant, Shin’ichi leur adressa un signe et exprima sa reconnaissance pour leurs efforts. Il alla leur serrer la main et se joignit à eux pour des photos de groupe. Leur nombre ne cessait de grandir, ce qui finit par inquiéter le responsable des jeunes hommes chargé de veiller au bon déroulement de l’activité.
« Si ça continue, pensa-t-il, nous ne pourrons pas canaliser le flot de visiteurs, et Sensei sera épuisé. »
Il fit alors tout son possible pour éloigner les membres de l’endroit où se trouvait Shin’ichi. Mais Shin’ichi le remarqua et lui dit d’un ton délibérément sévère : « Personne n’a le droit d’arrêter ceux qui sont venus ici pour me rencontrer. »
N’ayant pu rencontrer librement les membres l’année passée, à la suite de sa démission de la présidence de la Soka Gakkai, Shin’ichi attendait depuis longtemps le moment où il pourrait les encourager ainsi, sans restriction. Il était déterminé à rencontrer un maximum de personnes et à consacrer toute son énergie à les encourager.
Le responsable des jeunes hommes se sentit honteux de n’avoir pas pleinement saisi le cœur de son maître.
Ce jour-là, Shin’ichi se rendit dans le restaurant tenu par la femme qui l’avait invité un peu plus tôt. Il s’efforçait de rencontrer autant de membres que possible, déterminé à ne pas ménager ses efforts.
Il était déterminé à ne pas laisser passer le temps de la contre-offensive. Dans son cœur, il lançait cet appel aux membres : « Ô lions, dressez-vous ! Le temps du combat est venu ! »
Nouvel élan 22
Le 1er mai, dans l’après-midi, Shin’ichi se rendit au hall mémorial de la Soka Gakkai de Kyushu, situé dans l’arrondissement de Nishi [aujourd’hui arrondissement de Sawara], à Fukuoka. Puis, le soir, il assista à une réunion des responsables de centre de la préfecture de Fukuoka au centre pour la paix de Kyushu, dans l’arrondissement de Hakata, à Fukuoka, où il lança cet appel aux participants, avec le désir de leur insuffler l’esprit d’un lion : « Ne baissez jamais la bannière de kosen rufu dans votre cœur ! Ne baissez jamais la bannière de vos efforts pour partager le bouddhisme avec les autres ! Ne laissez jamais s’éteindre la flamme éclatante de la foi qui permet d’atteindre la bouddhéité en cette vie ! »
Shin’ichi répéta avec force ces mots.
Des représentants de la préfecture voisine d’Oita, dont les membres avaient profondément souffert en raison des problèmes avec le clergé, assistaient à cette réunion.
Dans la ville de Beppu située dans cette préfecture, le supérieur d’un temple local de la Nichiren Shoshu avait dénigré la Soka Gakkai, en la prétendant coupable d’offenser la Loi. Il avait réussi à tromper un certain nombre de personnes qui avaient quitté l’organisation et s’employaient maintenant à distribuer des brochures hostiles à la Soka Gakkai. Les membres avaient réagi en renforçant leur unité et en proclamant fermement l’intégrité de l’organisation laïque.
Shin’ichi se joignit aux membres d’Oita pour une photo de groupe dans le hall du centre pour la paix de Kyushu.
Il leur dit : « Plus grandes sont les difficultés que vous endurez, plus vous pouvez polir votre foi et plus elle brille avec éclat. Vos luttes resteront à jamais dans l’histoire de kosen rufu. »
« Sensei, s’il vous plaît, venez nous voir à Oita ! » s’écrièrent les membres. Beaucoup avaient les larmes aux yeux.
Shin’ichi acquiesça d’un air enthousiaste.
Durant tout son séjour à Fukuoka, les membres affluèrent vers le centre culturel, le centre pour la paix et le hall mémorial de Kyushu, après avoir appris qu’ils auraient peut-être l’occasion de le rencontrer.
Certains arrivaient en taxi ou en bicyclette. Il y en eut même qui avaient quitté leur foyer précipitamment, avec les vêtements qu’ils ne portaient en principe que chez eux. Lorsque Shin’ichi quitta Fukuoka, le lendemain 2 mai, dans l’après-midi, il avait encouragé plus de vingt mille membres.
Avant le départ de Shin’ichi, Takeo Yamaoka, le secrétaire de la préfecture d’Oita, lui rendit visite au centre pour la paix de Kyushu.
Yamaoka avait reçu un rapport urgent, selon lequel le supérieur d’un temple de la Nichiren Shoshu d’Oita avait tenté de persuader un membre expérimenté de la Soka Gakkai de la quitter, et il s’était rendu dans le temple de ce moine pour émettre une protestation. Sa discussion avec le moine s’était poursuivie jusqu’au milieu de la nuit. Ce n’est qu’ensuite qu’il avait pu prendre un train jusqu’au centre, situé dans la préfecture voisine de Fukuoka.
Dans toute bataille, l’essentiel est d’agir rapidement.
Nouvel élan 23
Dans le train de Fukuoka, Takeo Yamaoka fit tout son possible pour contrôler l’indignation et le ressentiment qu’il éprouvait vis-à-vis des moines de la Nichiren Shoshu.
Par le passé, il avait rendu visite au supérieur de ce temple, qui lui avait expressément déclaré que les moines placés sous sa direction et lui-même n’exhorteraient jamais les membres de la Soka Gakkai à quitter l’organisation pour se joindre directement au temple local. Mais, sournoisement, les moines avaient fait exactement le contraire. Quand il fut interrogé à ce sujet, le supérieur du temple se contenta d’une réponse floue. Yamaoka eut alors le sentiment d’avoir perçu la véritable nature des moines de la Nichiren Shoshu.
Shin’ichi écouta le compte rendu de Yamaoka dans le bureau du gardien du centre pour la paix de Kyushu. Il lui dit avec un sourire chaleureux : « Vous devez être épuisé. Je le comprends parfaitement. Moi-même, j’ai eu un jour une discussion avec des moines qui a duré six heures. »
Puis il poursuivit : « Nous devons absolument protéger les précieux enfants du Bouddha. Nous devons faire en sorte que tous deviennent immanquablement heureux et, pour cela, nous devons lutter de tout notre cœur en déployant toutes nos forces. Telle est ma détermination. Tel est l’esprit des responsables du mouvement Soka. Efforcez-vous de protéger mes disciples, les membres qui sont des enfants du Bouddha, comme si vous agissiez à ma place. Je compte sur vous ! »
Peu après, Shin’ichi quitta le centre pour la paix de Kyushu afin de s’envoler jusqu’à sa prochaine destination, le Kansai.
Takeo Yamaoka de la préfecture d’Oita et d’autres membres de Kyushu se tenaient dans le jardin du centre et, les yeux levés vers le ciel, ils firent des signes en direction de l’avion de Shin’ichi, qui s’élevait au-dessus d’eux. Dans leur cœur, ils adressaient de toutes leurs forces ce serment à leur maître : Kyushu sera victorieux. La brise du début de l’été était agréable. Ils ressentaient tous que, pour la Soka Gakkai, la douce brise d’une nouvelle progression s’était mise à souffler depuis Kyushu.
C’était le 3 mai 1980. En février de cette année-là, la Soka Gakkai avait désigné officiellement le 3 mai, jour où Josei Toda et Shin’ichi avaient l’un et l’autre pris leur fonction de président, Jour de la Soka Gakkai. Shin’ichi avait passé ce premier Jour de la Soka Gakkai au centre culturel du Kansai dans l’arrondissement de Tennoji, à Osaka, avec ses compagnons de pratique du Kansai, qui lui étaient si chers.
Le centre culturel du Kansai venait d’être inauguré cinq jours auparavant. Le nouveau bâtiment était d’un brun clair, avec cinq étages en surface et un autre en sous-sol. Ce serait désormais le centre principal de la Soka Gakkai du Kansai.
En ce mois de mai, le ciel lumineux du Kansai « toujours victorieux » était agréable à regarder. C’était le début d’une nouvelle phase de développement.
Nouvel élan 24
Un Gongyo commémorant le Jour de la Soka Gakkai fut organisé au centre culturel du Kansai le 3 mai, à partir de 13 heures.
Mais un courant régulier de membres, composé en bonne partie de personnes n’ayant pas d’invitation pour la réunion de l’après-midi, se présentèrent, pleins d’enthousiasme, dès le matin, et occupèrent bientôt tout l’espace. Des membres de tout le Kansai avaient été informés par téléphone par des membres de leur famille et des amis de Nagasaki et de Fukuoka que Shin’ichi avait beaucoup encouragé les membres présents lors de sa venue dans leur région. Cette nouvelle se propagea très vite et suscita chez les membres du Kansai un vif désir de rencontrer Shin’ichi.
Les responsables du Kansai et toutes les personnes chargées de veiller au bon déroulement de l’activité organisèrent une réunion urgente pour décider comment canaliser cette foule grossissante. Ils décidèrent de conduire les membres sans invitation à la salle de réunion située au quatrième étage d’un bâtiment adjacent, qui devait servir d’annexe pour la réunion du jour.
Shin’ichi partit du hall mémorial Makiguchi du Kansai, situé dans la ville de Toyonaka, dans la préfecture d’Osaka, et parvint au centre culturel du Kansai juste avant 11 heures. À l’intérieur du centre, il remercia aussitôt tous ceux qui s’occupaient du bon déroulement de l’activité.
Les membres continuèrent de converger vers le centre, avec un esprit de recherche débordant. La grille située devant l’entrée de l’annexe avait été fermée, par mesure de sécurité.
Peu après, Shin’ichi sortit dans la cour du centre. D’intenses acclamations s’élevèrent alors. Quand il vit toutes les personnes qui attendaient derrière la grille close, Shin’ichi dit aux jeunes qui s’occupaient de l’activité : « Pourriez-vous ouvrir cette grille pour les laisser entrer ? »
« Il n’y a plus de place à l’intérieur du centre pour les accueillir », dit l’un d’eux.
« D’accord. Alors, je vais les encourager dehors. Ces membres sont plus importants que tout. »
Une fois la grille ouverte, ceux qui attendaient à l’extérieur se précipitèrent joyeusement dans la cour. Ils furent même suivis par des passants curieux.
« Bienvenue ! dit Shin’ichi à toutes les personnes présentes. Je suis heureux de vous voir. » Il serra les mains et posa pour des photos de groupe avec les membres, les uns après les autres.
« Relevez leurs noms, dit-il aux responsables de l’activité, et nous pourrons leur envoyer par la suite des exemplaires des photographies. »
Il posa aussi pour des photos avec les groupes d’activité, notamment les groupes Soka et Gajokai. Dans le cœur de Shin’ichi brûlait la détermination d’encourager tous les membres sans exception.
Tel est le véritable esprit du mouvement Soka.
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Shin’ichi se dirigea vers l’escalier de secours, à l’extérieur de l’annexe. Un jeune homme qui participait à l’activité lui avait dit : « Le hall Toujours-Victorieux dans le bâtiment d’à côté sert d’annexe pour la réunion d’aujourd’hui. Un système de sonorisation y a été mis en place pour que les membres puissent entendre la réunion qui aura lieu dans le bâtiment principal. »
« Alors, commençons par encourager les membres qui sont là », dit Shin’ichi.
Son épouse, Mineko, monta l’escalier de secours avec lui.
Mais, en haut de l’escalier, la porte permettant d’accéder à la salle était fermée de l’intérieur. Un des membres chargé du bon déroulement de l’activité se rua dans le bâtiment et, parvenu à l’étage, se fraya un chemin parmi la foule pour ouvrir la porte. Les personnes présentes le regardèrent, curieuses, en se demandant ce qui allait se passer.
C’est alors que, avec un lourd crissement, une porte latérale située près de l’avant de la salle s’ouvrit, et Shin’ichi apparut sur le seuil.
Il leva le bras pour saluer l’assistance puis, quand on lui tendit un micro, il dit : « Bonjour à toutes et à tous ! J’espère que vous allez tous bien ! »
Des acclamations s’élevèrent de la foule enthousiaste. C’est le moment que tous attendaient depuis longtemps. Ils regardèrent Shin’ichi, le visage rayonnant de joie. Certains avaient les larmes aux yeux.
« Merci d’avoir fait un si long chemin pour venir jusqu’ici. Aucune autorité ni aucun pouvoir ne peuvent rompre les liens profonds qui nous unissent ! »
Des acclamations retentirent et un tonnerre d’applaudissements résonna dans la salle.
« Quels sont ceux qui soutiennent la Soka Gakkai ? Bien plus que les personnes présentes sous les feux des projecteurs, ce sont celles qui œuvrent avec ardeur derrière la scène. Ce sont elles les véritables bouddhas et les authentiques vainqueurs. Et ces personnes, c’est vous. Il n’y aurait pas de Soka Gakkai ni de kosen rufu sans vous. »
Shin’ichi ressentait une profonde affection pour ces membres. Certains écoutaient intensément ses paroles, les yeux gonflés de larmes, et acquiesçaient pour manifester leur approbation. Il leur lança ce puissant appel : « Tout en luttant chaque jour contre toutes sortes de difficultés et de problèmes personnels, vous vous consacrez avec un esprit rayonnant et positif à partager le bouddhisme avec les autres. Vos actions sont imprégnées de l’éclat de la véritable humanité ; ce sont les actions des bodhisattvas surgis de la Terre. Joignez-vous à moi pour aller de l’avant avec une détermination renouvelée. »
Les participants manifestèrent leur accord à l’unisson, la voix débordant de détermination.
Quand Shin’ichi quitta l’annexe, le nombre de membres qui s’étaient rassemblés à l’extérieur avait encore grossi. Il posa aussi pour des photos avec eux.
Il se consacra de tout son être à encourager tout le monde, comme s’il servait des bouddhas.
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Dans le centre culturel du Kansai, où avait lieu la réunion du jour, le Gongyo commémoratif avait déjà commencé, en présence du président Kiyoshi Jujo.
Shin’ichi se rendit jusqu’à la salle du deuxième étage où il entra alors que la réunion s’approchait de son terme. Tout le monde attendait avec impatience de le voir et il y eut une explosion de joie quand il apparut finalement. Il prit alors le micro et dit : « En ce jour clair et ensoleillé du mois de mai, j’aimerais vous féliciter du fond du cœur pour cette célébration du Jour de la Soka Gakkai et pour l’ouverture du centre culturel du Kansai.
« La Loi merveilleuse est éternelle. Nos vies, en tant que pratiquants, sont elles aussi éternelles et toujours en harmonie avec la Loi merveilleuse. Du point de vue de l’éternité de la vie, notre existence présente n’est qu’un jalon sur la route de notre mission, qui consiste à réaliser kosen rufu.
« Notre voyage vers kosen rufu n’est qu’une lutte incessante contre les fonctions démoniaques. Dans ses écrits, Nichiren souligne l’importance d’aller constamment de l’avant sur la grande voie de la foi, sans se laisser ballotter par les “huit vents1”.
« Les “huit vents” sont des fonctions qui troublent l’esprit des gens et les amènent à perdre leur foi – par exemple, le gain à court terme, les honneurs mondains, les louanges, la critique, la souffrance, le plaisir, etc.
« Notre révolution humaine, qui nous permet de cultiver la maîtrise de nous-mêmes, est la clé pour établir notre propre bonheur et faire avancer kosen rufu. Remportons la victoire sur les “huit vents” avec une foi résolue et avançons à nouveau, pleins d’espoir, vers le XXIe siècle !
« Je vous demande de faire du puissant Kansai un modèle pour le Japon et pour le monde, et d’être les pionniers éternels de kosen rufu. Je suis déterminé, ensemble avec chacune et chacun de vous et jusqu’à mon dernier souffle, à écrire de nouvelles pages dans l’histoire de la lutte toujours victorieuse de notre vie.
« Afin de rendre hommage au développement du Kansai, j’aimerais, pour finir, vous exprimer ma plus profonde reconnaissance et mon plus grand respect pour vos efforts sincères et dévoués. »
Ensuite, tout le monde entonna en chœur le chant de la Soka Gakkai du Kansai « Les cieux toujours victorieux », qui commençait par : « Maintenant, à nouveau, formons nos rangs […] »
Ce chant de triomphe se répandit dans les cieux du Kansai toujours victorieux. Il exprimait l’attitude du maître et des disciples du mouvement Soka, qui se dressaient ensemble avec vigueur en brandissant la bannière de l’humanisme bouddhique. Il annonçait aussi le lancement d’une réforme religieuse menée par des personnes éveillées, qui rejetaient l’autoritarisme oppressant du clergé.
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Après la réunion, Shin’ichi se rendit dans une autre salle du centre culturel du Kansai pour y encourager les membres. Il assista aussi à un autre Gongyo commémoratif, qui commença à 17 heures, ce soir-là.
Shin’ichi joua du piano pour encourager les participants et utilisa toutes les occasions possibles pour prendre des photos et échanger de fermes poignées de main. Sa main finit par devenir rouge et enflée, mais il continua à saluer inlassablement les membres.
Par la suite, il s’arrêta à l’antenne du Kansai du journal Seikyo où il encouragea de tout son cœur les reporters du journal et les autres membres du personnel, avant de se rendre au hall mémorial Makiguchi du Kansai.
Ce soir-là, résolu à prendre un nouveau départ plein de vigueur, Shin’ichi saisit un pinceau de calligraphie et écrivit avec force, en y mettant tout son cœur : « Le 3 mai ».
Dans la marge à droite, il fit la liste des 3 mai qu’il considérait comme particulièrement significatifs :
3 mai 1951
3 mai 1960
3 mai 1979
3 mai 1983
3 mai 2001
Le 3 mai 1951 est le jour où Josei Toda est devenu le deuxième président de la Soka Gakkai, alors que le 3 mai 1960 marqua l’entrée en fonction de Shin’ichi en tant que troisième président. Le 3 mai 1979 fut la date de la réunion générale à laquelle Shin’ichi assista peu après avoir annoncé sa démission en tant que troisième président (le 24 avril).
Le 3 mai 1983, marquant le 32e anniversaire de l’entrée en fonction du président Toda, et le 3 mai 2001, au commencement du nouveau siècle, étaient deux autres dates clés que Shin’ichi avait établies, sur le fondement de son vœu indestructible de créer un nouveau mouvement de fond pour permettre un développement sans précédent de la Soka Gakkai.
Il écrivit aussi, dans le coin inférieur droit de la calligraphie :
Cette date
Est le point de départ de la Soka Gakkai.
Inscrit le 3 mai 1980.
Les mains jointes,
Avec un cœur serein et paisible.
Une année s’était écoulée depuis que Shin’ichi avait démissionné de la présidence. Les sombres intrigues des traîtres qui s’étaient alliés aux moines de la Nichiren Shoshu pour détruire la Soka Gakkai et enchaîner les membres étaient devenues chaque jour plus évidentes. Conformément à ce qui était indiqué dans les écrits de Nichiren, le roi-démon du sixième ciel tentait de faire obstacle à la pratique bouddhique et d’entraver kosen rufu.
Dans le Kansai « toujours victorieux », Shin’ichi s’élança avec détermination dans une nouvelle lutte vers la victoire.
Nouvel élan 28
Le matin du 4 mai, Shin’ichi participa à une cérémonie de Gongyo avec les membres de la préfecture de Tottori, dans l’auditorium du mémorial Toda du Kansai, à Toyonaka, dans la préfecture d’Osaka. Les membres avaient fait un long voyage pour venir là depuis la préfecture de Tottori (située sur la côte sud-ouest de l’île principale du Japon). Shin’ichi se joignit à la réunion, avec le souhait de faire tout son possible pour encourager et soutenir les personnes présentes.
Cela faisait presque deux ans qu’il avait assisté pour la dernière fois à une réunion des membres de Tottori. C’était en juillet 1978 et il s’était alors rendu à Yonago. Sur les visages des personnes rassemblées dans l’auditorium, on voyait maintenant briller la joie et l’esprit de recherche.
Le chapitre Tottori avait été créé en mai 1960, le jour même où Shin’ichi était devenu le troisième président de la Soka Gakkai. La cérémonie de Gongyo organisée en ce mois de mai 1980 marquait donc aussi la célébration du 20e anniversaire du chapitre. Avec une profonde émotion, Shin’ichi s’adressa aux membres, qui n’avaient jamais cessé de lutter à ses côtés.
« Merci d’avoir parcouru une longue distance pour venir jusqu’ici. Lorsque je vois vos visages rayonnants et joyeux, j’ai le sentiment d’apercevoir un avenir plein d’espoir. En ce beau jour ensoleillé de mai, il semble que les divinités célestes participent à votre célébration. J’espère que vous appréciez pleinement ce magnifique ciel du Kansai toujours victorieux.
« Vous êtes tous de nobles bodhisattvas surgis de la Terre. En luttant et en remportant la victoire dans les combats personnels que vous menez jour après jour en affrontant votre karma et votre destinée, vous montrez la preuve du grand bienfait de la pratique du bouddhisme de Nichiren et accomplissez votre mission pour kosen rufu. Toutes les formes d’adversité ne sont qu’une étape vers la réalisation d’un état de bonheur illimité. Avancez toujours sereinement avec comme fondement la foi, quoi qu’il arrive, et créez des souvenirs en or profondément significatifs.
« Toutes sortes d’événements se produisent dans le cours de notre vie, mais, sur le long terme, ceux qui s’entraînent avec ferveur dans leur pratique bouddhique remportent invariablement la victoire et deviennent à coup sûr rayonnants. Il n’est pas nécessaire de chercher à être quelqu’un d’autre que vous-mêmes. Vous êtes formidables tels que vous êtes. Continuez d’avancer ainsi, en harmonie avec la Soka Gakkai.
« Les bouddhas rencontrent eux aussi des problèmes. Les problèmes font partie intégrante de la vie. Mais le bouddhisme enseigne que “les désirs terrestres sont l’illumination” et que “les souffrances de la naissance et de la mort sont le nirvana”. Nam-myoho-renge-kyo nous permet de transformer la souffrance en joie et en bonheur. Dans ce monde dégénéré empli d’épreuves incessantes, vous, bodhisattvas surgis de la Terre, êtes apparus pour créer le bonheur pour vous-mêmes et pour les autres. Afin de devenir heureux, gagnez la bataille sur vous-mêmes. Je vous enverrai Daimoku. »
Les encouragements de Shin’ichi pénétrèrent profondément dans le cœur des membres.
Quand nous nous éveillons à notre mission en tant que bodhisattvas surgis de la Terre et que nous nous dressons dans l’action pour l’accomplir, le courage et une puissante force vitale jaillissent de l’intérieur de nous.
Nouvel élan 29
Le 4 mai, se tint une réunion des responsables de chapitre de la préfecture d’Osaka, célébrant l’ouverture du centre culturel du Kansai, qui comporta quatre séances. Shin’ichi assista à chacune d’entre elles et mit tout son cœur dans ses encouragements, avec le désir de prendre un nouveau départ avec ces si précieux responsables de chapitre des départements des hommes et des femmes.
« D’abord, leur dit-il, occupez-vous bien de votre santé et prenez avec passion la responsabilité de kosen rufu dans votre environnement. Si vous êtes enthousiastes, tous les membres de votre chapitre le seront également. Soyez des responsables toujours débordants de vitalité. »
***
« Aussi importants que soient la richesse matérielle, la position sociale ou les honneurs mondains que nous pouvons obtenir, si nous sommes sans cesse hantés par un sentiment de vide, notre vie ne sera pas véritablement heureuse. En revanche, si vous vous entraînez avec ferveur dans la foi et que vous participez à des réunions et à d’autres activités pour kosen rufu, vous vous sentirez légers sur le plan à la fois physique et spirituel et vous éprouverez un sentiment d’accomplissement intérieur. Il n’y a pas de plus grande satisfaction ni de plus grand bonheur possibles dans la vie. »
***
« Au cours de vos activités pour kosen rufu, il peut y avoir des moments où des personnes vous disent des choses désagréables et blessantes. Mais, à la lumière des enseignements du Sûtra du Lotus et des écrits de Nichiren, il est parfaitement naturel que vous rencontriez des difficultés parce que vous êtes apparus à l’époque de la Fin de la Loi et que vous propagez le bouddhisme en tant qu’émissaires du Bouddha. J’espère que vous vous rappellerez aussi que vos efforts incessants pour kosen rufu vous permettent de transformer votre karma dans cette vie et d’établir un état de bonheur éternel. Quand vous pensez de cette façon, toutes vos difficultés deviennent effectivement une source de joie ! »
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« Ne laissez jamais mourir la flamme de la foi, qui permet d’atteindre la bouddhéité en cette vie. Sachez qu’une foi constante – un engagement inlassable tout au long de notre vie à demeurer au cœur du mouvement de kosen rufu – est la clé d’une grande victoire dans l’existence. »
Shin’ichi donnait toujours le meilleur de lui-même dans ses encouragements. Entre les sessions, il posa pour des photos de groupe avec les nouveaux membres des treize groupes universitaires du Kansai. Il joua aussi du piano pour les responsables de chapitre et serra les mains de beaucoup d’entre eux. La quatrième et dernière session de la réunion des responsables de chapitre parvint à son terme alors qu’il était déjà plus de 20 heures.
Un important groupe de membres de la proche préfecture de Nara arriva à son tour au centre, et une cérémonie de Gongyo fut rapidement organisée pour eux.
Ne jamais ménager ses efforts pour le bien des membres – tel était l’esprit de Shin’ichi, et c’est l’esprit éternel et immuable de tous les responsables de la Soka Gakkai.
Nouvel élan 30
À partir de 11 heures, le 5 mai, « Jour des successeurs de la Soka Gakkai », des représentants des départements des lycéens, des collégiens et des garçons et des filles, se rassemblèrent au centre culturel du Kansai pour un Gongyo commémoratif à l’occasion de la célébration du 5e anniversaire de ce jour.
Un an plus tôt, Shin’ichi avait passé le 5 mai au centre culturel de Kanagawa. Il aurait alors aimé participer à une réunion avec les membres du groupe Avenir et les encourager de toutes ses forces, mais la situation à l’époque l’empêcha de le faire. Il était convaincu que le moment était maintenant venu. Il désirait vivement rencontrer les membres de ce groupe et donner le meilleur de lui-même pour leur développement, avec le désir de confier à ces jeunes phénix l’avenir de kosen rufu au XXIe siècle.
Quand Shin’ichi pénétra dans la salle, des représentants du département des garçons et des filles lui offrirent un casque de samouraï en papier [un objet traditionnellement associé au Jour des enfants au Japon, célébré le 5 mai].
S’adressant alors aux membres présents à cette réunion, il leur dit : « Vous êtes comme de jeunes pousses qui plongeront leurs racines dans la terre et se développeront jusqu’à devenir de grands arbres. Les jeunes arbres ont besoin de tuteur pour les soutenir, et il faut les arroser. Leur croissance requiert beaucoup de travail et d’efforts.
« Soyez bien conscients que vos parents accomplissent des efforts indescriptibles devant les rudes défis de la société pour vous éduquer et contribuer à votre développement. Éprouver de la reconnaissance envers vos parents est une qualité humaine essentielle.
« Il peut y avoir des moments où vos parents et vous-mêmes avez des opinions différentes, ce qui vous met en colère. Mais prenez tout cela comme un encouragement à vous développer. S’entêter ou adopter un comportement d’enfant gâté est une défaite personnelle, alors que manifester patience ou persévérance vous permet de progresser. De telles expériences deviendront toutes de précieux trésors spirituels pour votre avenir.
« En tant que membres du groupe Avenir, vous êtes tous à un âge où il est important de maîtriser les principes essentiels et d’établir de solides fondations. Établir des fondations requiert de la patience. Persévérez dans vos études. Et, dans le monde de la foi, ne négligez pas votre développement et grandissez, tel un grand arbre, pour devenir une personne capable d’apporter de grandes contributions à kosen rufu. »
Le philosophe japonais Kitaro Nishida (1870-1945) a dit : « Patience et persévérance sont primordiales dans toute entreprise. N’abandonnez pas parce que vous avez échoué une ou deux fois. Soyez persévérants et tenaces, essayez encore et encore, en ayant recours à toute votre ingéniosité. Les sages des temps anciens nous ont dit que le génie réside dans la persévérance2. »
- *1Les huit vents : la prospérité, le déclin, la disgrâce, les honneurs, les louanges, la critique, la souffrance et le plaisir. Dans une lettre à Shijo Kingo, Nichiren écrit : « Les personnes vertueuses méritent ce qualificatif parce qu’elles ne se laissent pas emporter par les huit vents […] Elles ne sont ni enivrées par la prospérité ni affligées par le déclin. Les divinités célestes protégeront à coup sûr celui qui ne plie pas devant les huit vents. » (Écrits, 801)
- *2Traduit du japonais. Kitaro Nishida, Nishida Kitaro zenshu (Œuvres complètes de Kitaro Nishida), vol. 18, Tokyo, Iwanami Shoten, 1966, p. 513.