Volume 30 : Chapitre 3, Nouvel élan 31–40
Nouvel élan 31
L’après-midi du 5 mai, Shin’ichi assista à la réunion des responsables de chapitre du département des jeunes hommes de la préfecture d’Osaka, où il offrit les encouragements suivants : « Vous ouvrirez la voie du succès dans la vie en faisant constamment des efforts. La jeunesse peut être une période pleine de problèmes et de soucis, mais j’espère que vous continuerez de lutter calmement, régulièrement et patiemment dans la foi et dans vos activités au sein de la Soka Gakkai, et que vous montrerez la preuve factuelle de la victoire dans votre vie et sur votre lieu de travail.
« D’une manière ou d’une autre, vous êtes aussi amenés à rencontrer des difficultés. Mais, si vous persévérez fermement dans votre pratique du bouddhisme de Nichiren, elles seront résolues avec le temps. Si vous continuez de réciter Nam-myoho-renge-kyo avec ferveur, vous obtiendrez de la bonne fortune et connaîtrez un grand développement personnel. Aussi difficile que soit votre situation, vous ne devez jamais abandonner l’espoir. Ayez une foi solide dans le Gohonzon. Quels que soient les défis auxquels vous êtes confrontés, vous pouvez vous appuyer sur la Loi merveilleuse. Si vous adoptez cette loi éternelle et impérissable, vous ne manquerez pas de devenir de grands vainqueurs dans la vie.
« Il est important d’adopter une vision à long terme. Au début du XXIe siècle, beaucoup d’entre vous seront dans la cinquantaine, au sommet de leur vie professionnelle. Ne négligez jamais l’entraînement dont vous avez besoin pour développer des racines profondes et une vie bien ancrée où vous pourrez manifester pleinement vos capacités, le temps venu. »
Après la réunion du département des jeunes hommes, Shin’ichi encouragea un groupe d’anciennes élèves des collèges et lycées de jeunes filles Soka venues au centre. Puis, à 16 heures, il assista à une réunion des responsables de chapitre du département des jeunes femmes et déclara à l’attention des participantes : « Récitez Nam-myoho-renge-kyo chaque jour comme un fleuve qui s’écoule paisiblement et devenez les personnes les plus heureuses du Japon et du monde entier. Je peux vous assurer que, quelle que soit la situation, celles et ceux qui demeurent assidus dans la foi sont absolument certains de remporter la victoire finale et de mener des vies débordant de bonne fortune.
« De plus, quelles que soient les tempêtes karmiques auxquelles vous serez confrontées, ayez la ferme conviction que réciter Nam-myoho-renge-kyo est en soi le plus grand bonheur. La foi signifie ne jamais abandonner le Gohonzon. »
Ce soir-là, Shin’ichi dîna avec les responsables du Kansai dans un restaurant des environs et eut avec eux une discussion informelle puis, sur le chemin du retour, il s’arrêta au centre culturel de Naka-Osaka.
Il offrit des paroles d’encouragement dans toutes les réunions auxquelles il assista et à toutes les personnes qu’il rencontra.
L’avenir n’existe après tout que dans l’instant présent. Il ne dépend pas de ce que nous avons l’intention de faire demain, mais de ce que nous réalisons effectivement dans l’instant présent.
Nouvel élan 32
De retour au centre culturel du Kansai, Shin’ichi Yamamoto apprit que des membres du groupe des techniciens du spectacle Tetsujin-Kai y étaient réunis, et il décida de les rencontrer. Il était content de passer du temps à parler avec eux et à les encourager.
Il se trouve que ces techniciens du spectacle avaient offert à Shin’ichi une chaise qu’ils avaient fabriquée tout spécialement pour lui, à l’occasion de sa visite au Kansai. En réponse à ce cadeau sincère, Shin’ichi voulut leur manifester sa reconnaissance et les remercier profondément pour les efforts incessants qu’ils avaient accomplis dans l’ombre afin de soutenir les divers événements organisés par la Soka Gakkai.
« Merci. Je sais à quel point vous travaillez dur, leur dit-il. Je me suis assis de nombreuses fois sur la chaise que vous avez fabriquée pour moi. Je suis touché et j’apprécie beaucoup votre générosité. Au sein du mouvement Soka, nous sommes tous unis par les liens de cœur à cœur les plus purs. Je ressens profondément combien votre esprit est sincère. »
Les yeux de certains membres s’emplirent de larmes. Ils n’avaient pas fabriqué cette chaise en attendant une contrepartie. C’était simplement l’expression de leur foi pure et de leur engagement de disciples désirant sincèrement faire quelque chose pour leur maître, qui dirigeait le mouvement de kosen rufu en y consacrant toutes ses forces. C’est pour cela que leurs actions avaient tant de beauté et de grandeur. Le fait que Shin’ichi comprenait leur cœur leur suffisait.
Shin’ichi voulait leur adresser ses plus sincères félicitations et exprimer toute son admiration pour leur état d’esprit.
Nichiren a écrit : « C’est le cœur qui est important. » (Écrits, 1011) Dans le monde de la foi, c’est toujours notre cœur qui importe le plus.
Ensuite, Shin’ichi participa à un Gongyo avec des membres d’un groupe d’entraînement appelé le groupe des Compagnons de croyance du Kansai. Il leur dit : « Les véritables personnes de valeur sont celles qui se sont éveillées à leur mission de bodhisattvas surgis de la Terre et s’efforcent de faire connaître plus largement et plus profondément le bouddhisme. Elles ne cessent jamais de lutter pour devenir une source de soutien fiable pour le plus grand nombre de personnes possible. Elles sont pleines de sagesse et, grâce à leur comportement fondé sur le bon sens, elles gagnent la compréhension et la confiance de nombreuses autres personnes. Elles contribuent au développement de la prochaine génération de notre mouvement. Elles ont un jugement sûr et donnent à tous espoir, confiance et sérénité. Polissez-vous soigneusement et entraînez-vous de façon à développer ces qualités. »
Shin’ichi engageait toute sa vie dans ses paroles.
Ce n’est qu’en donnant le maximum que nous pouvons offrir des encouragements qui touchent vraiment le cœur des autres.
Nouvel élan 33
Le 6 mai, trois cérémonies de Gongyo destinées aux membres du groupe des encouragements du Kansai furent organisées au centre culturel du Kansai, dans l’après-midi et la soirée. Shin’ichi participa aux trois activités.
À l’attention des membres du département des femmes, il cita un passage des écrits de Nichiren : « Le seul vrai bonheur pour les êtres humains réside dans la récitation de Nam-myoho-renge-kyo. » (Écrits, 685) Il poursuivit ainsi : « Le bonheur se trouve dans notre environnement immédiat. Il n’y a pas de vie sans problèmes. Mais les problèmes sont le carburant de notre bonheur. Vous pouvez tout changer en une force motrice pour votre bonheur grâce à votre récitation de Nam-myoho-renge-kyo ! »
Il s’adressa ensuite aux membres du département des hommes et leur dit : « Notre récitation de Nam-myoho-renge-kyo se répand dans tout l’univers, et c’est une source de vitalité éternelle et illimitée. Prenez un départ plein de fraîcheur en vous fondant sur le Gohonzon et en faisant passer Daimoku en premier ! »
Jour après jour, un courant régulier de membres se rassemblèrent au centre culturel du Kansai, venus non seulement d’Osaka, mais aussi de toute la région. Et leur nombre ne cessa de croître.
Shin’ichi annonça ensuite aux responsables du Kansai : « Organisons encore d’autres cérémonies de Gongyo. Puisque les membres font l’effort de venir ici, je rencontrerai chacun d’eux. »
Le 7 mai, eurent lieu deux séances supplémentaires, ouvertes à tous les membres, qui n’étaient pas prévues dans le programme initial – l’une dans la journée et l’autre dans la soirée.
Une conférence des responsables de préfecture de tout le pays se tint aussi ce soir-là à partir de 19 heures, et Shin’ichi y participa. Il dit aux personnes présentes : « Quand le faux essaie de vaincre le juste, les responsables doivent se dresser avec courage et lutter. Aucun compromis n’est possible. Sinon, les membres souffriront. La justice doit l’emporter. C’est la seule façon de prouver que c’est la justice.
« Si la voie de maître et disciple est coupée au sein du mouvement Soka, le flot de kosen rufu sera interrompu. Je lutterai pour protéger l’enseignement correct et les principes du bouddhisme de Nichiren et pour ouvrir largement la voie de kosen rufu. J’aimerais m’élancer dans une nouvelle progression sur la voie de maître et disciple, avec des personnes courageuses qui se dressent, prêtes à lutter à mes côtés.
« La relation de maître et disciple dans le monde de kosen rufu et de la Soka Gakkai est différente des contrats ou relations sociales fondés sur l’intérêt personnel. Ce n’est pas non plus une forme d’apprentissage. C’est un lien spirituel pour lequel les gens ont engagé leur vie, à partir de leur vœu personnel. C’est ce qui en fait le lien humain le plus pur, le plus noble et le plus fort qui soit. »
Nouvel élan 34
Peu avant midi, le 8 mai, Shin’ichi quitta le centre culturel du Kansai et effectua un bref arrêt au centre culturel de Shin-Osaka. Puis, juste après 13 heures, il monta dans un train à grande vitesse qui desservait la région de Chubu pour se rendre à Nagoya.
Durant les sept journées écoulées depuis son arrivée au Kansai, le 2 mai, Shin’ichi avait rencontré et encouragé plus de 70 000 membres.
Il s’était aussi rendu au centre culturel de Naka-Osaka. Des années auparavant, en décembre 1969, durant un voyage d’encouragements au Kansai, il avait contracté une forte fièvre et avait dormi cette nuit-là dans la salle du centre où se trouvait le Gohonzon. Cette salle se trouvait à l’étage où allait être établi par la suite le centre des femmes du Kansai.
En 1969, Shin’ichi avait été rejoint par son épouse, Mineko, qui avait fait rapidement le voyage depuis Tokyo pour le soigner pendant la nuit. La fièvre étant un peu tombée, il se rendit ensuite à Wakayama, comme prévu, bien qu’il ne soit pas entièrement rétabli. Là, il assista à une réunion des responsables de la préfecture de Wakayama, dans le gymnase préfectoral, où il offrit de tout son cœur des encouragements. Puis, à la demande des membres, il lança la chanson Takeda Bushi. Quand la réunion s’acheva et qu’il quitta la scène, il se sentit affaibli et vacilla sur ses jambes. Il avait déployé toute son énergie, en pensant que s’il devait mourir là, en cet instant précis, il n’éprouverait pas le moindre regret.
Chaque jour était une suite de défis et de luttes sans fin. La grande voie du mouvement Soka, vouée à la réalisation de kosen rufu, s’est ouverte grâce à ces efforts incessants. Shin’ichi espérait que ses disciples, unis avec lui autour d’un objectif commun, hériteraient de cet esprit altruiste et le perpétueraient, quels que soient les changements d’époque.
Dans ses Vingt-Six Admonitions, Nikko Shonin, le disciple direct et successeur de Nichiren, lança cette exhortation aux pratiquants : « Tant que kosen rufu ne sera pas réalisé, propagez la Loi au mieux de vos capacités, sans donner votre vie à contrecœur. » (GZ, 1618)
Si l’on perd cet esprit, il ne sera pas possible d’accomplir le grand vœu du kosen rufu mondial.
Pour commémorer l’ouverture du centre des femmes du Kansai, le 1er mai 1980 (jour précédant son arrivée à Osaka), Shin’ichi composa et envoya le poème suivant :
Avec la plus ferme détermination,
protégez le Kansai,
notre citadelle.
Puis, ce fut au tour de Mineko de se rendre au centre et d’écrire un poème dans le livre des visiteurs :
Rassemblons-nous
dans ce palais consacré
aux femmes du mouvement Soka
et luttons pour kosen rufu
avec un esprit magnifique.
Comme les membres de Kyushu juste avant eux, les membres du Kansai se dressèrent courageusement aux côtés de Shin’ichi.
C’est la solidarité dans la lutte commune du maître et du disciple qui donne à la Soka Gakkai sa force indomptable.
« Et maintenant, cap sur la région de Chubu ! »
Shin’ichi débordait de combativité.
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Le matin du 9 mai, une longue file se forma à l’extérieur du centre culturel de Chubu, à Nagoya, dans la préfecture d’Aichi.
« Organisons des cérémonies de Gongyo pour les responsables de chapitre des départements des hommes et des femmes. Mais invitons aussi toutes les autres personnes qui veulent se joindre à nous, quelle que soit leur fonction. Faisons en sorte que ces cérémonies soient ouvertes à tous ! » suggéra Shin’ichi.
Les membres se rendirent joyeusement au centre culturel de Chubu. Ils emplirent bientôt non seulement la salle principale où se déroulaient les séances, mais aussi les salles de conférence et de réception.
Cinq cérémonies furent organisées ce matin-là. Malgré son mal de gorge, Shin’ichi fit Gongyo avec les membres et les encouragea sans répit. Il ne pouvait pas se préoccuper de lui-même en voyant leurs visages joyeux. Certains, les larmes aux yeux, lui prenaient le bras ou lui serraient la main.
Un an plus tôt, après l’annonce de sa démission de la présidence de la Soka Gakkai, il avait reçu beaucoup de lettres et de télégrammes des membres de Chubu qui, eux aussi, s’étaient inquiétés. Il voulait leur faire part de sa sincère reconnaissance et se lancer avec eux dans une nouvelle progression.
Après avoir donné des encouragements, au terme de chaque séance, il allait voir les membres qui attendaient dans les salles de conférence, le hall d’entrée et à l’extérieur du centre pour parler avec eux, leur serrer la main et poser pour des photos.
Il y eut encore cinq ou six séances dans l’après-midi et la soirée. Même après 22 heures, il y avait toujours des personnes qui attendaient à l’extérieur. Shin’ichi allait les encourager, sans perdre un seul instant.
« Sensei ! » s’écriaient les membres en le voyant.
« Doucement. Baissons un peu la voix ! Il est tard », disait Shin’ichi avec un sourire chaleureux, rappelant ainsi à tous qu’il fallait faire preuve de considération envers le voisinage.
Il était près de 23 heures quand s’achevèrent les activités du jour.
Durant son séjour à Chubu, Shin’ichi alla aussi dans la préfecture de Gifu.
Le 11 mai, par une belle journée ensoleillée, Shin’ichi rendit visite à un membre pionnier de la ville de Gifu, avant d’assister à une réunion des responsables de chapitre au centre culturel de Gifu, célébrant le 20e anniversaire de la création de leur chapitre.
Dans le hall, au premier étage du centre, Shin’ichi dialogua avec une pionnière du département des femmes âgée de près de 100 ans. C’était la personne la plus âgée de la ville de Gifu et elle assistait à la réunion avec sa fille. Elle dit qu’elle avait adhéré à l’organisation dans ses débuts et que réciter Nam-myoho-renge-kyo était son plus grand plaisir.
« Je suis venu tout spécialement pour vous voir, lui dit Shin’ichi. Vous êtes un trésor pour le Japon et pour la Soka Gakkai. Portez-vous bien et vivez encore de nombreuses années ! »
Comme c’était le jour de la fête des mères, il lui offrit un bouquet d’œillets et posa avec elle pour une photo.
Cette femme déterminée à se dresser avec lui pour kosen rufu malgré son âge avancé était vraiment d’une grande noblesse ! Shin’ichi avait le sentiment de voir un bouddha devant lui.
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Shin’ichi quitta ensuite le centre culturel de Gifu pour se rendre au centre culturel de Kakamigahara, également situé dans la préfecture de Gifu. Là aussi, les membres ayant été informés de sa visite se précipitèrent au centre, où la foule était telle qu’il devint bientôt impossible d’entrer par la porte de devant.
« Organisons une cérémonie de Gongyo suivie d’une réunion ouverte à tous », dit Shin’ichi. Puis il accéda au bâtiment par l’escalier de secours en colimaçon et se dirigea vers la salle de réunion.
« Je sais que vous avez connu des temps très difficiles, mais tout va bien maintenant ! dit-il aux membres rassemblés. Vous avez remporté la victoire. J’espère que chacune et chacun de vous, sans exception, parviendra au bonheur et verra sa vie couronnée par la victoire. Je vous soutiendrai avec détermination et vous protégerai ! »
Sa voix dépourvue de crainte insuffla du courage aux membres.
Shin’ichi fit Gongyo avec eux, puis interpréta quelques chansons au piano, notamment « Voici venu le printemps ». Il eut une discussion informelle avec des membres du département des femmes, et posa ensuite pour des photos de groupe avec des membres de chaque département.
Durant sa visite à Chubu, il prit part à plus de cent séances de photos.
Le lendemain, 12 mai, Shin’ichi continua de dispenser des encouragements jusqu’au départ de son train, à la gare de Gifu Hashima. Dix-neuf membres étaient venus à la gare dans l’espoir de le rencontrer, ne serait-ce qu’un bref instant. Il parla avec eux jusqu’au moment de passer la barrière. Il proposa aussi que ces membres soient connus désormais sous le nom de groupe Hashima.
Plutôt que de laisser une rencontre se transformer en un simple souvenir, il voulait en faire le point de départ d’un nouvel engagement et d’un départ plein de fraîcheur vers l’avenir.
Le voyage d’encouragements de Shin’ichi se poursuivit ensuite dans la préfecture de Shizuoka. Il assista à une réunion des responsables de chapitre du département des jeunes hommes au centre culturel de Shizuoka. « Je compte sur vous pour poursuivre notre tâche de kosen rufu ! » dit-il aux participants, dont il espérait et attendait beaucoup.
« Rappelez-vous que le moment est maintenant venu de faire des efforts acharnés dans votre pratique bouddhique ! »
« Gravez profondément en vous-mêmes l’esprit “d’accorder plus de valeur à la Loi qu’à votre propre vie” ! »
« Soyez victorieux dans la société et sur votre lieu de travail ! »
Le 13 mai, une cérémonie de Gongyo ouverte à tous eut lieu au centre culturel de Shizuoka, et Shin’ichi s’adressa d’un ton énergique aux membres luttant à l’avant-garde de l’organisation. Le 14 mai, il revint à Tokyo.
Durant son voyage d’un peu plus de deux semaines, commencé à Nagasaki le 29 avril, il avait encouragé plus de 150 000 membres. Sentant monter en eux une nouvelle vague de joie et de courage, ils firent tous le vœu de se consacrer à kosen rufu et de suivre la noble voie des maîtres et disciples du mouvement Soka.
Les feux de la contre-offensive avaient été allumés et l’on pouvait voir leur lumière éclatante s’élever vers le ciel, marquant ainsi le départ de la lutte contre les intrigues des moines sans scrupule et d’autres personnes qui s’étaient retournées contre la Soka Gakkai.
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C’était le printemps à Tokyo, la saison où les feuillages s’épanouissent.
Shin’ichi s’était libéré des chaînes des intrigues qui avaient entravé ses activités pour kosen rufu et prenait maintenant son envol, tel un aigle puissant, dans le ciel de l’espoir, d’un bleu infini.
Il était revenu à Shinanomachi après sa cinquième visite en Chine et une tournée d’encouragements dans les préfectures de Nagasaki, Fukuoka, Osaka, Aichi, Gifu et Shizuoka. Avec l’objectif de rebâtir la Soka Gakkai à Tokyo, le principal bastion de kosen rufu, il se rendit sans tarder dans les centres de la Soka Gakkai et dans d’autres lieux, situés dans les arrondissements de Nerima, Taito, Setagaya et Minato, pour encourager les membres.
Sans ménager ses forces, Shin’ichi poursuivait son combat passionné pour lancer une nouvelle ère de kosen rufu.
Le président de la Soka Gakkai, Kiyoshi Jujo, et d’autres responsables de premier plan réfléchissaient pour leur part à la façon de traiter le problème posé par Tomomosa Yamawaki.
Mû par le désir de gagner toujours plus d’argent, Yamawaki s’était engagé cinq ans plus tôt dans une sombre histoire de spéculation immobilière à Fujinomiya, dans la préfecture de Shizuoka, et il avait utilisé l’importante somme d’argent qu’il avait réussi à gagner pour lancer une entreprise de produits surgelés. Mais son manque d’expérience et ses piètres qualités de gestionnaire avaient plongé l’entreprise dans les pires difficultés et il s’était finalement retrouvé avec une dette considérable de plus de quatre milliards de yens. Désespéré et ne voyant aucun moyen de s’acquitter de sa dette, il lui vint l’idée d’extorquer de l’argent à la Soka Gakkai.
Durant toute cette période, Yamawaki incita de jeunes moines de la Nichiren Shoshu et d’autres personnes à critiquer violemment la Soka Gakkai, tout en jouant un rôle de liaison entre l’organisation laïque et le clergé. Il essaya ainsi de manipuler l’organisation pour son propre profit. Il avait secrètement attisé la méfiance et la haine envers la Soka Gakkai parmi les moines et continua à les nourrir d’informations erronées fabriquées de toutes pièces afin de les inciter à attaquer l’organisation laïque.
Il mit aussi au point des stratégies pour détruire la Soka Gakkai, dont il fit part régulièrement au clergé, et ne cessa de transmettre au grand patriarche Nittatsu des accusations sans fondement.
À maintes reprises, il provoqua des crises et se mit ensuite en avant pour tenter d’y remédier, jouant ainsi le rôle du conciliateur. Comme quelqu’un qui allume secrètement un feu puis se précipite pour l’éteindre, il suscita délibérément des troubles dans le seul objectif de se faire passer pour celui qui avait permis de les surmonter.
Il nourrit aussi les médias d’informations erronées afin de discréditer la Soka Gakkai et d’évincer Shin’ichi de la présidence.
Mais sa véritable nature finit par apparaître au grand jour, et ses intrigues et son double jeu furent démasqués. Puis ses affaires se retrouvèrent dans une bien mauvaise passe. C’était le résultat naturel de ses mauvaises actions. Comme l’écrit Nichiren : « […] ceux qui méprisent les pratiquants du Sûtra du Lotus ont d’abord paru n’encourir aucune sanction, mais ils sont en définitive voués à la chute. » (Écrits, 1008)
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Yamawaki s’était allié en secret avec le responsable du département d’étude de la Soka Gakkai, Takao Harayama. L’année précédente, en septembre 1979, Harayama avait photocopié un grand nombre de documents conservés au siège du journal Seikyo qu’il avait transmis à l’extérieur. Yamawaki utilisa ces documents dans son intrigue pour susciter une division entre le clergé et la Soka Gakkai. Il déforma aussi délibérément un certain nombre d’informations qu’ils contenaient pour les remettre à certains organes de presse afin qu’ils attaquent l’organisation laïque.
En avril 1980, Yamawaki entreprit finalement d’extorquer de l’argent à la Soka Gakkai.
Désormais conscients des méthodes sans scrupule et de l’acharnement de Yamawaki, Kiyoshi Jujo et d’autres responsables exécutifs se demandèrent comment traiter ce problème. S’ils se contentaient d’ignorer Yamawaki, il est clair que ce dernier amplifierait encore ses tentatives grossières de rompre la relation harmonieuse que la Soka Gakkai s’était efforcée de forger avec le clergé. De ce fait, de très nombreux membres seraient de nouveau harcelés et souffriraient de l’attitude dominatrice des moines. C’est ce qu’ils voulaient empêcher à tout prix.
En plein embarras, la direction exécutive reçut alors une demande de Yamawaki qui réclamait 300 millions de yens. Il déclara : « Peu m’importe que ce soit de l’extorsion. Peu m’importe si je vais en prison. »
Après une longue réflexion, Jujo prit une décision déchirante : il accepta de se soumettre à l’exigence de Yamawaki, en lui demandant en retour de mettre un terme à toutes ses intrigues et attaques. Tout cela se produisit pendant que Shin’ichi Yamamoto était en Chine.
Mais Yamawaki exigea alors 500 millions de yens supplémentaires. Le 7 juin, la Soka Gakkai déposa une plainte contre lui pour chantage et tentative de chantage auprès du département de la police métropolitaine de Tokyo.
Cela incita Yamawaki à se lancer frénétiquement dans des actions destinées à créer des troubles. Il se servit d’hebdomadaires de bas étage pour lancer des attaques grossières contre la Soka Gakkai. Il ne faisait ainsi que propager des mensonges dictés par la jalousie, comparables au « mensonge sans fondement » (Écrits, 810) et aux « propos […] inventés par ceux qui nourrissent de la jalousie à mon égard » (Écrits, 814), condamnés par Nichiren dans ses écrits.
Harayama intervint lui aussi dans ces mêmes hebdomadaires pour se répandre en calomnies contre la Soka Gakkai. Par la suite, durant le procès de Yamawaki, il apparut clairement que Harayama avait reçu de lui une importante somme d’argent.
La Soka Gakkai est une organisation fondée sur une foi pure, un rassemblement de personnes sincères et honnêtes. Ce n’est pas un mouvement destiné à accueillir des gens corrompus et mal intentionnés. En définitive, Yamawaki et Harayama perdirent totalement la confiance des autres.
Les membres eurent le sentiment d’être les témoins de l’inévitable autodestruction qui frappe ceux qui trahissent leurs compagnons de pratique.
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Le 7 juin, jour où la Soka Gakkai déposa une plainte à la police contre Tomomasa Yamawaki, furent annoncés les résultats de l’élection des membres du Conseil de la Nichiren Shoshu. Les candidats hostiles à la Soka Gakkai, parmi lesquels figuraient de jeunes moines qui ne cessaient d’attaquer ouvertement l’organisation laïque, obtinrent la majorité des sièges du Conseil, soit 10 sièges sur 16. Le 3 juillet, se tint la première réunion du Conseil après l’élection, et un certain nombre d’entre eux obtinrent des postes clés, notamment celui de président du Conseil.
Le lendemain, 4 juillet, les jeunes moines formèrent officiellement une organisation appelée le Shoshin-kai (littéralement « Association pour une foi correcte »). Durant les cours de Gosho mensuels, qui se déroulèrent dans de nombreux temples de la Nichiren Shoshu en ce mois de juillet, les moines de ce groupe attaquèrent durement la Soka Gakkai, manifestant ainsi un mépris flagrant des instructions réitérées à maintes reprises du bureau administratif de la Nichiren Shoshu, qui demandait de mettre un terme à de tels agissements.
Derrière ces actions se cachaient les manœuvres secrètes de Yamawaki, qui se sentait acculé. Sous son influence, ces moines ne tenaient aucun compte des directives de la Nichiren Shoshu et continuaient d’agir selon leur bon vouloir.
Les membres durent endurer des attaques concertées portées contre la Soka Gakkai par des moines malveillants et des médias avides de sensations. Certains furent contraints d’écouter les commentaires négatifs de leur patron ou de collègues de travail qui avaient lu les articles dans la presse à scandale. Mais les membres s’encouragèrent mutuellement et continuèrent de partager le bouddhisme de Nichiren, en gardant à l’esprit ses paroles : « Quand les difficultés apparaissent, nous devons considérer qu’elles correspondent à la paix et à la sérénité » (cf. OTT, 115) ; et « Les personnes de valeur et les sages sont mis à l’épreuve par les mauvais traitements. » (Écrits, 306)
Bien que le journal Seikyo ait enfin entrepris de relater de nouveau les activités de Shin’ichi Yamamoto, il n’y consacrait que peu de place et sans cet esprit passionné qui donnait envie aux membres d’avancer avec vigueur.
En pensant aux membres, Shin’ichi éprouvait une peine profonde. Il prit alors la décision d’être de nouveau pour eux une source d’inspiration.
C’est à peu près à cette période que le journal Seikyo demanda à Shin’ichi de contribuer à une série d’essais rapportant les souvenirs de membres pionniers décédés sur la route de kosen rufu. Shin’ichi accepta, motivé par son désir de relater l’histoire des membres qui avaient œuvré pour kosen rufu jusqu’à la fin de leur vie sans jamais cesser de s’entraîner dans la foi et de soutenir la Soka Gakkai et ce, dès ses débuts. Il voulait que chacune et chacun se sente encouragé par la façon dont ces admirables membres avaient mené leur vie. Cette série s’intitula « Des amis inoubliables dans la foi ».
C’est aussi au cours de cette période que de nombreux lecteurs demandèrent la reprise de la parution en feuilleton de La Révolution humaine. Aucun épisode n’était paru depuis la fin de la publication du volume 10 dans le journal, en août 1978, soit près de deux ans auparavant. Shin’ichi décida alors de reprendre également la rédaction de cet ouvrage.
Se dresser seul, avec courage, face aux plus rudes tempêtes – tel est l’esprit de la Soka Gakkai et la voie suivie par les lions.
Nouvel élan 40
Vers la fin du mois de juillet, Shin’ichi organisa une réunion au centre de séminaires de Kanagawa avec les rédacteurs du journal Seikyo qui s’occupaient de sa nouvelle série d’essais intitulée « Des amis inoubliables dans la foi » et le responsable éditorial chargé de la publication en feuilleton de son roman La Révolution humaine.
Quand Shin’ichi annonça qu’il allait reprendre la publication de ce roman, le responsable éditorial, visiblement surpris, lui dit d’une voix hésitante : « Je suis sûr que les lecteurs en seront enchantés. Mais je crains que les jeunes moines critiques à l’égard de la Soka Gakkai ne s’agitent et ne se servent de cela comme d’un prétexte pour vous attaquer. »
Le responsable éditorial plongea alors dans un profond silence.
« J’en suis bien conscient, dit Shin’ichi d’une voix ferme. Mais ce qui importe maintenant, ce n’est pas moi. Ce sont les membres de notre mouvement que nous devons protéger. Ils ont enduré stoïquement des traitements cruels de la part des moines corrompus et de leurs sympathisants et ils ont continué malgré cela d’œuvrer pour kosen rufu et la Soka Gakkai avec une foi sincère, constante et passionnée.
« J’ai pour responsabilité de protéger les membres de notre mouvement, qui sont les enfants du Bouddha. Cela consiste à leur insuffler la lumière du courage, de l’espoir et de la conviction, et à leur permettre d’avancer sur la voie de leur mission avec confiance et fierté. C’est pour cela que je suis ici.
« Et c’est pour cette raison aussi que je dois reprendre la rédaction de La Révolution humaine. C’est mon combat. Comprenez-vous ? »
Le responsable éditorial acquiesça.
« J’aimerais commencer dès que possible, ajouta Shin’ichi en souriant. Contactez dès maintenant Teikichi Miyoshi, l’auteur des illustrations. En fait, mon épaule me fait si mal en ce moment que je ne peux pas lever le bras. J’espère donc que vous accepterez de prendre le texte sous ma dictée si c’est nécessaire. »
L’été 1980 fut très pluvieux et humide. Shin’ichi ne s’était pas du tout ménagé depuis l’année précédente, et la chaleur était épuisante. Mais il avait hâte de commencer. Son cœur débordait de combativité.
Comme l’a déclaré le Mahatma Gandhi : « Notre inspiration ne peut venir que de notre foi dans la victoire finale de la justice1. »
- *1Traduit de l’anglais. Mahatma Gandhi, The Collected Works of Mahatma Gandhi (Œuvres complètes du Mahatma Gadhi), vol. 68 (15 octobre 1938–28 février 1939), New Delhi, Département des publications, ministère de l’Information et de la Radiodiffusion, Gouvernement de l’Inde, 1977, p. 169.