Volume 30 : Chapitre 3, Nouvel élan 41–50
Nouvel élan 41
La série d’essais intitulée « Des amis inoubliables dans la foi » commença à paraître le 29 juillet, et la parution en feuilleton du onzième volume de La Révolution humaine débuta le 10 août, au rythme de trois épisodes par semaine.
Shin’ichi avait intitulé le premier chapitre du nouveau volume « Tournant décisif ». Il commençait en septembre 1956, au moment où Josei Toda avait pris la décision de se retirer du monde des affaires afin de consacrer tout son temps, et ce jusqu’à la fin de sa vie, à kosen rufu. Il confia alors à Shin’ichi la responsabilité de la campagne de Yamaguchi1.
Shin’ichi continua de dicter les nouveaux épisodes de La Révolution humaine dans les différents endroits où il menait ses activités pour kosen rufu, notamment dans les centres de séminaires de Kanagawa et de Shizuoka. Avant et après les séances de dictée, il rencontrait de façon informelle des représentants des régions de tout le Japon et des différents départements, ou des membres locaux. Il consacrait le temps qui lui restait à rendre visite à des membres à leur domicile.
Shin’ichi dit au responsable éditorial de La Révolution humaine : « Je suis le disciple de M. Toda. Par conséquent, quelle que soit la situation, quelle que soit ma fonction, je ne peux pas abandonner ma lutte pour kosen rufu. Je lutterai tant que je serai en vie. Observez-moi. »
Mais ses efforts intenses l’avaient véritablement épuisé. Il toussait et, parfois, souffrait de fièvre.
Un jour, après avoir préparé une séance de dictée, il se coucha sur un tatami, dans la pièce où il se trouvait, et posa une serviette mouillée sur son front en attendant l’arrivée du rédacteur. Après un court moment, il entendit ce dernier s’excuser en entrant dans la pièce.
Encore allongé, Shin’ichi entrouvrit légèrement les yeux et dit : « Pardonnez-moi, mais me permettez-vous de rester couché encore un instant ? »
L’air profondément inquiet, le rédacteur s’assit à côté de Shin’ichi.
Shin’ichi toussait de temps en temps. Il avait les yeux rouges. Le rédacteur se demanda si Shin’ichi était en état de dicter son épisode.
L’horloge égrenait bruyamment les secondes. Au bout d’une dizaine de minutes, Shin’ichi frappa énergiquement le tatami de la main et se leva.
« Bien, allons-y ! Léguons notre histoire pour l’avenir. Tout le monde attend de lire ce feuilleton. Ne voyez-vous pas les visages heureux ? L’idée que nous faisons tout cela pour le bien des membres me remplit d’énergie ! »
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Shin’ichi était entouré d’exemplaires reliés, en format réduit, du journal Seikyo correspondant à la période qu’il évoquait dans son chapitre. Il avait aussi des notes manuscrites et des livres de référence. Il se munit de ses notes et dit au rédacteur : « Mettons-nous au travail ! Êtes-vous prêt ? »
Shin’ichi commença à dicter. Au fur et à mesure, sa voix gagna en force. Le rédacteur écrivait à vive allure, mais n’arrivait pas à tenir le rythme. Shin’ichi ralentit la cadence pour s’accorder avec la vitesse de transcription.
Au bout d’une quinzaine de minutes, il fut pris d’une quinte de toux. Même une fois la toux calmée, sa respiration demeura inégale et pénible.
« Je vais me reposer un peu », dit-il en s’allongeant de nouveau sur le tatami.
Après environ dix minutes, le rédacteur avait remis au propre une copie de son premier jet, et Shin’ichi respirait de nouveau un peu mieux. Il frappa de nouveau le tatami avec vigueur et se rassit.
« Allez, on continue ! Tout le monde attend. Malgré le poids de leur amertume, les membres font de leur mieux. Cette simple pensée m’émeut. C’est pour cela que je veux leur remonter le moral, ne serait-ce qu’un peu. Je veux réveiller leur courage. »
Il recommença à dicter son roman, mais, après dix ou quinze minutes, il fut contraint d’effectuer une nouvelle pause.
C’est ainsi qu’il composa le manuscrit et il le relut plusieurs fois. Après avoir apporté de nouvelles modifications aux épreuves, le texte fut imprimé dans le journal. Une fois lancée la parution en feuilleton, il ne pouvait plus s’arrêter à mi-chemin. Telle est la dure réalité de la publication d’un roman par épisodes. Pour Shin’ichi, cela représentait une lutte sans merci, et il dictait chaque épisode en déployant toute sa force.
L’auteur danois Hans Christian Andersen (1805-1875) déclara que les mots « peuvent prendre la forme de flèches qui sifflent ou d’épées de feu2 ». Shin’ichi se répéta cette pensée tout en peaufinant son texte. Il réfléchissait minutieusement à chaque mot afin qu’il trouve un écho dans le cœur de ses compagnons de pratique.
La publication en feuilleton de La Révolution humaine et de la nouvelle série d’essais suscita beaucoup d’enthousiasme. Ces parutions représentaient une source d’inspiration et de revitalisation pour tous les membres.
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Les dissensions au sein de la Nichiren Shoshu s’aggravèrent.
À la suite de la démission de Shin’ichi Yamamoto de ses fonctions de représentant principal de l’ensemble des organisations laïques de la Nichiren Shoshu et de président de la Soka Gakkai [en avril 1979], le clergé avait clairement déclaré qu’il allait cesser de critiquer la Soka Gakkai. Mais les cas de harcèlement et de mauvais traitements à l’encontre des membres de la Soka Gakkai par les moines du groupe Shoshin-kai se multiplièrent, et la Soka Gakkai demanda donc au clergé d’honorer la promesse faite.
Bien que la Nichiren Shoshu essayât de contraindre les moines du Shoshin-kai à maintenir des relations harmonieuses avec les pratiquants laïcs, conformément au souhait exprimé par le grand patriarche précédent, Nittatsu, le Shoshin-kai ignora ces instructions. Le 24 août, il organisa un rassemblement à l’échelle nationale pour les pratiquants danto – les croyants laïcs de la Nichiren Shoshu, qui étaient très critiques à l’égard de la Soka Gakkai – dans la grande salle du Nippon Budokan, à Tokyo.
Lors de cette réunion, certains demandèrent la démission de Shin’ichi en tant que représentant principal honoraire de l’ensemble des organisations laïques de la Nichiren Shoshu [une fonction à laquelle Nittatsu l’avait nommé l’année précédente, après sa démission du poste de représentant principal]. Ils voulaient aussi que la Soka Gakkai abandonne son statut d’association religieuse indépendante pour se mettre directement sous la tutelle de la Nichiren Shoshu.
Tomomasa Yamawaki ne participa pas à la réunion, mais Takao Harayama y fit une apparition pour critiquer la Soka Gakkai, et déclarer que le grand patriarche Nikken devrait également être dénoncé.
Sous l’influence des stratagèmes de Yamawaki, les moines du Shoshin-kai devinrent incontrôlables. Ils firent connaître clairement leur opposition à l’égard de Nikken, en lui faisant parvenir une requête et une pétition l’accusant, entre autres, d’abuser de son autorité.
C’était une situation où le clergé risquait d’être ébranlé jusque dans ses fondations.
Le 24 septembre, la Nichiren Shoshu convoqua son conseil d’administration. Affirmant que les moines du Shoshin-kai avaient semé la discorde au sein du clergé, le Conseil décida d’appliquer une sanction disciplinaire à l’encontre de 201 moines – soit environ un tiers de ceux qui avaient le statut de professeur.
Les moines en question tinrent une réunion pour s’opposer à la décision du Conseil, en clamant qu’il enfreignait leurs droits.
Parmi les mesures disciplinaires, la Nichiren Shoshu commença par expulser les moines du Shoshin-kai, les uns après les autres. Devant ces événements, certains moines changèrent vite de ton et décidèrent de suivre les orientations du grand patriarche et du bureau administratif de la Nichiren Shoshu.
Certains supérieurs de temple qui avaient été expulsés et sommés de quitter leur temple durant cette période entamèrent plus tard des poursuites judiciaires contre la Nichiren Shoshu.
Le 30 septembre, à 22 heures, Shin’ichi Yamamoto quitta le nouvel aéroport international de Tokyo [qui devint par la suite l’aéroport international de Narita] pour Honolulu où il devait participer aux événements célébrant le 20e anniversaire de kosen rufu aux États-Unis et ouvrir une nouvelle page du kosen rufu mondial.
Il n’y avait pas un moment à perdre pour faire progresser le kosen rufu mondial.
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Pendant son séjour à Honolulu, Shin’ichi participa à plusieurs événements au centre local d’Hawaï, sa première destination. Il prit aussi le temps d’encourager les membres des deux délégations de l’amitié de la Soka Gakkai – l’une venait d’arriver pour faire des activités à Hawaï et l’autre s’y était arrêtée sur le chemin du retour vers le Japon après s’être rendue dans des pays d’Amérique du Sud.
Le 2 octobre, il participa à une cérémonie de Gongyo commémorant le Jour de la paix mondiale, dans le même centre.
La Soka Gakkai avait désigné le 2 octobre, jour où Shin’ichi Yamamoto était parti pour son premier voyage outre-mer en 1960, Jour de la paix mondiale.
Shin’ichi avait choisi Hawaï comme première destination de ce voyage vingt ans auparavant parce que la guerre du Pacifique avait débuté précisément à cet endroit. Il avait fait le serment de créer une lame de fond pour la paix depuis ce lieu, qui avait connu la destruction et la dévastation de la guerre.
Lors de cette première visite à Hawaï, entre trente et quarante membres seulement s’étaient rassemblés pour une réunion de discussion. Nombre d’entre eux étaient profondément malheureux. La plupart de ces membres étaient des femmes japonaises qui avaient épousé des militaires américains et étaient venues vivre à Hawaï avec leur époux. Certaines traversaient de graves difficultés économiques et d’autres vivaient même dans la peur de la violence conjugale. Elles se lamentaient de leur malheur et souhaitaient retourner vivre au Japon.
Shin’ichi rassura tous les membres présents en leur déclarant avec conviction que, en s’exerçant sincèrement dans leur pratique bouddhique, ils deviendraient à coup sûr heureux. Il leur dit d’un ton vigoureux qu’ils étaient réunis là du fait de leur mission de boddhisattvas surgis de la Terre pour transformer leur karma, forger leur propre bonheur et aider les autres à faire de même.
Soutenir, encourager chaque personne en proie à la souffrance et leur permettre de se régénérer est le premier pas vers la création d’une société qui respecte la dignité de la vie ; c’est le point de départ pour établir la paix.
Shin’ichi sentit qu’une nouvelle conviction, tel un soleil éclatant, se levait dans le cœur des participants. Pleins d’espoir pour un avenir meilleur, ils relevèrent le défi de dépasser leurs limites, en se fondant sur une prise de conscience profonde de leur mission pour kosen rufu.
Au cours de ce premier voyage outre-mer, Shin’ichi se rendit dans des villes d’Amérique du Nord et du Sud, et créa un chapitre général aux États-Unis, un chapitre à Los Angeles et un autre au Brésil, ainsi que dix-sept districts, dont un à Hawaï.
Au cours des deux décennies suivantes, la Soka Gakkai, rassemblement de bodhisattvas surgis de la Terre, s’étendit dans environ quatre-vingt-dix pays et territoires. À Hawaï, lors de la cérémonie de Gongyo commémorant le Jour de la paix mondiale, Shin’ichi pria profondément. En se fixant comme objectif l’an 2000, soit une nouvelle échéance vingt ans plus tard, il fit le vœu de réunir l’humanité et le monde en établissant un solide réseau de personnes ordinaires autour de la cause de la paix.
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Lors de sa dernière visite à Hawaï, Shin’ichi mena des activités énergiques en faveur de la paix et de l’amitié, en rencontrant notamment le gouverneur local, George Ariyoshi. Il déploya toutes ses forces pour encourager les membres pendant la réunion générale d’Hawaï et d’autres événements.
Il partit ensuite pour San Francisco, puis Washington, avant d’arriver à Chicago, le 10 octobre.
Shin’ichi était fermement déterminé à rencontrer autant de membres que possible pour les encourager de tout son cœur, partout où il irait.
Il participa aux réunions générales de chacune de ces trois villes pour commémorer le 20e anniversaire du mouvement de kosen rufu aux États-Unis, en visitant les centres locaux de la Soka Gakkai et en participant à des conférences et à d’autres réunions. Quand il lui restait du temps, il se rendait au domicile de membres.
À San Francisco, il participa à une réunion générale en présence de quelque 3 500 membres. Il retourna aussi voir la statue de Christophe Colomb sur Telegraph Hill, comme lors de sa première visite. Là, il posa pour une photo de groupe avec des représentants, et ils firent ensemble le vœu d’effectuer un nouveau pas vers la réalisation de kosen rufu en Amérique.
À Washington, Shin’ichi s’adressa à quelque 4 000 membres rassemblés là pour une réunion générale. Le lendemain, lors d’une réunion des responsables exécutifs dans la même ville, il offrit des encouragements fondés sur la parabole du « banquet royal » (SdL-VI, 119), mentionnée dans le Sûtra du Lotus.
« Cette parabole, dit-il, compare la grandeur du Sûtra du Lotus à un “banquet royal” qui offre les mets les plus rares et les plus délicieux. Nous pouvons comprendre cela comme un état de satisfaction intérieure totale que nous, personnes ordinaires qui avons lutté pour surmonter la souffrance, pouvons forger grâce à notre lien avec le Gohonzon, en nous entraînant dans la foi et dans la pratique, et en obtenant d’incommensurables bienfaits en retour.
« Cependant, aussi somptueux que soit ce banquet, si durant le repas les participants ne cessent de se quereller, cela devient un “banquet d’asura”. Si tous se jettent avidement sur la nourriture, c’est “un banquet d’esprits affamés”. Et manger tout en complotant pour provoquer la chute de quelqu’un correspond en fin de compte à “un banquet de l’enfer”.
« Chacune et chacun de nous prie avec la sincérité la plus pure pour la réalisation de kosen rufu et le bonheur de l’humanité. Par conséquent, soyez assurés que notre “banquet” – que l’on pourrait interpréter de manière plus large comme la somme de toutes nos activités quotidiennes et de nos réunions pour kosen rufu – est un “banquet royal” d’une riche et merveilleuse abondance.
« On lit aussi dans le Sûtra du Lotus l’expression “fleurs humaines” (SdL-V, 116), pour célébrer la beauté de celles et ceux qui, illuminés par la lumière de la Loi merveilleuse, luttent joyeusement pour kosen rufu. Ces “fleurs humaines” rayonnent de joie, leurs bienfaits et leurs vertus embaument les autres avec le doux parfum du bonheur et leurs vies profondément épanouies connaissent une magnifique éclosion. Continuez d’avancer avec la conviction que ces “fleurs humaines”, c’est vous. »
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Après Washington, Shin’ichi Yamamoto s’envola pour Chicago. Le 12 octobre, environ 5 000 membres se réunirent joyeusement dans l’auditorium de Medinah Temple pour le festival culturel de Chicago et pour la réunion générale commémorative qui suivit.
Le contraste était saisissant avec la douzaine de membres environ qui avaient rencontré Shin’ichi à Chicago lors de sa première visite, vingt ans plus tôt. Lors du festival culturel, il fut particulièrement impressionné par l’expérience de Sachie Perry et par la prestation de ses sept enfants.
Sachie avait 14 ans quand elle survécut à la bombe atomique de Hiroshima. En 1952, elle épousa un soldat américain et partit vivre avec lui aux États-Unis. Mais une suite ininterrompue de problèmes l’attendait – l’alcoolisme de son époux, la violence conjugale, la pauvreté, l’implication de ses fils dans des gangs, la barrière de la langue, les préjugés et la discrimination. Elle travailla très dur pour élever ses sept enfants. Les querelles et conflits raciaux étaient endémiques dans leur quartier. Elle passait ses journées dans la peur et la souffrance.
Puis, un jour, une autre femme de militaire japonaise, qui vivait près de chez elle, lui parla du bouddhisme de Nichiren, et Sachie commença à pratiquer en 1965.
Elle fut profondément inspirée par l’affirmation chaleureuse qu’elle deviendrait à coup sûr heureuse. Elle souhaitait par-dessus tout changer son destin malheureux. Quand elle récitait Nam-myoho-renge-kyo, le courage surgissait en elle. En étudiant les enseignements du bouddhisme de Nichiren, elle prit conscience que sa mission de boddhisattva surgi de la Terre consistait à faire connaître la Loi merveilleuse aux États-Unis et à devenir heureuse tout en aidant les autres à le devenir aussi.
Quand les gens comprennent le véritable sens de la vie, ils se régénèrent.
Dans un anglais hésitant, Sachie se mit à présenter le bouddhisme de Nichiren à son entourage.
Les vagues du karma l’assaillirent sans répit – sa fille cadette tomba malade et dut être opérée à plusieurs reprises. L’alcoolisme de son mari et la pauvreté de leur foyer persistèrent. Mais, en s’appuyant sur la foi, Sachie devint une femme qui relevait tous les défis avec la ferme détermination de ne jamais être vaincue.
Ses sept enfants se mirent eux aussi à pratiquer sincèrement le bouddhisme de Nichiren. Ils formèrent un groupe de musique pour aider financièrement la famille et se mirent à travailler en tant que musiciens professionnels.
Tout en luttant contre le malheur, jour après jour, Sachie ressentit un espoir et une joie authentiques.
Là, au festival culturel de Chicago, elle était montée sur la scène pour partager l’histoire de sa vie et de sa pratique bouddhique.
Les expériences individuelles de renouveau intérieur attestent le pouvoir universel de la Loi merveilleuse.
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Lors du festival culturel de Chicago, Sachie Perry lut son expérience, qu’elle avait écrite sous la forme d’une lettre adressée à Shin’ichi Yamamoto.
« Cher président Yamamoto, dit-elle, quand j’ai commencé à pratiquer, je n’avais ni confiance, ni courage, ni aspiration. Chaque jour était une lutte pour survivre. Avec la conviction que cette pratique était la seule manière de devenir heureuse, j’ai déployé de grands efforts pour partager le bouddhisme de Nichiren. »
Une série de photos de famille fut alors projetée sur un grand écran. La voix tremblant d’émotion, Sachie poursuivit : « Sensei ! À présent, j’ai une famille harmonieuse et je suis très heureuse. Mes enfants sont devenus des personnes remarquables. J’ai toujours voulu vous les faire rencontrer et les voici ! »
Les projecteurs éclairèrent ses sept enfants, installés sur la scène. Ils se mirent à jouer de la musique et à chanter sur un rythme plein d’entrain. Des larmes brillaient dans les yeux de leur mère. Leurs voix étaient comme une fanfare annonçant une nouvelle journée d’espoir, et la mélodie communiquait toute la joie du bonheur.
Leur prestation symbolisait la victoire de la famille, et Shin’ichi répondit en applaudissant avec enthousiasme.
La paix mondiale commence par la révolution humaine et la transformation du karma, ou destinée, d’un seul individu. Et une famille heureuse et harmonieuse reflète la véritable image de la paix.
Tout au long du festival, Shin’ichi écrivit des poèmes, les uns après les autres, pour encourager les artistes. Il en offrit un au fils aîné de la famille Perry :
Enfants royaux,
interprétez fièrement
le chant de votre mère.
Les enfants avaient hérité de l’engagement de leur mère dans la pratique bouddhique et étaient devenus des personnes remarquables dans la société américaine et dans le mouvement de kosen rufu. Ayumi, la fille cadette de Sachie, qui avait souffert d’une mauvaise santé durant toute son enfance, parvint à faire des études universitaires malgré les difficultés financières de la famille. Elle devint éducatrice, puis entra dans une école supérieure où elle obtint un doctorat. Plus tard, elle se lança dans une carrière de formatrice pour des personnes exerçant des responsabilités dans les domaines de l’éducation, des affaires ou pour des organisations à but non lucratif, ainsi que pour des employés des Nations unies. Dans la SGI-USA, elle joua par la suite un rôle actif en tant que responsable nationale du département des femmes.
À l’occasion du 20e anniversaire de kosen rufu aux États-Unis, un nouveau rêve américain avait vu le jour, et d’innombrables « fleurs humaines » étaient devenues des fleurs du bonheur, grâce à la pratique du bouddhisme de Nichiren et à son enseignement, affirmant que chaque personne possède également l’état de bouddha.
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Le festival culturel de Chicago fut suivi d’une réunion générale.
Le directeur général de la SGI-USA fit part de la suggestion de Shin’ichi Yamamoto d’organiser un festival culturel pour la paix mondiale à Chicago, l’année suivante. Les participants exprimèrent leur approbation par une salve d’applaudissements.
Dans son intervention, Shin’ichi évoqua l’importance de l’étude bouddhique et souligna la nécessité de toujours s’entraîner dans la pratique bouddhique en s’appuyant sur le Gosho, les écrits de Nichiren.
Si chacun suit sa propre vision arbitraire de la foi et de la pratique, l’unité est impossible à réaliser. Mais, quand nous revenons aux écrits de Nichiren, nous pouvons tous nous unir autour d’une cause commune, avec un même esprit. Les principes du bouddhisme de Nichiren sont les références sur lesquelles nous fondons nos actions.
Shin’ichi avait rappelé l’importance de l’étude bouddhique, et le lendemain, 13 octobre au matin, il donna un cours sur le Recueil des Enseignements oraux à un groupe de représentants, avant son départ de Chicago. À l’aéroport également, en attendant son vol, il donna un autre cours sur le traité Sur l’ouverture des yeux et décrivit les qualités d’un véritable pratiquant du bouddhisme de Nichiren.
Donner soi-même l’exemple en prenant l’initiative est une nécessité cruciale pour un responsable.
À son arrivée à Los Angeles, Shin’ichi se rendit à Santa Monica, où il participa à une cérémonie de Gongyo et à une conférence des représentants de la SGI au Centre culturel mondial. Dans la soirée du 17 octobre, il participa à la première réunion générale de la SGI, qui réunit environ 15 000 représentants de quarante-huit pays et territoires. La réunion eut lieu dans l’auditorium Shrine, à Los Angeles, un bâtiment impressionnant doté d’une longue et riche histoire. C’est là notamment que se déroulèrent plusieurs cérémonies des Oscars et de nombreux autres événements de renom.
En cette occasion, des messages de félicitations avaient été envoyés par le secrétaire général des Nations unies, des membres du Sénat et de la Chambre des représentants américains, des gouverneurs de Californie, de l’État de New York et d’autres États, ainsi que des maires de grandes villes comme Los Angeles et Detroit, et des représentants d’universités, notamment le président de l’université du Minnesota.
Dans son discours, Shin’ichi partagea un poème que son maître, Josei Toda, lui avait offert en juillet 1953 :
Puisses-tu vivre
mille ans,
tel le phénix
qui s’envole dans les cieux.
Shin’ichi affirma sa détermination à parcourir le monde avec cet esprit et à faire tout son possible pour faire connaître la Loi merveilleuse.
« Le temps est venu, l’avenir nous attend ! » Shin’ichi avait le regard tourné vers le nouveau siècle, une aube éclatante d’espoir.
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Pendant ce temps-là, au Japon, Tomomasa Yamawaki critiquait et calomniait la Soka Gakkai dans les hebdomadaires à scandale et à la télévision. C’étaient des tentatives désespérées de se justifier après avoir été accusé de chantage par la Soka Gakkai au mois de juin précédent. Il inventa des mensonges et déclara à maintes reprises que la Soka Gakkai se livrait à des activités illégales. Il fit également pression sur les membres du Shoshin-kai pour qu’ils présentent une pétition aux élus et organisent des rassemblements et des manifestations afin d’exiger que Shin’ichi soit interrogé par le Parlement. Malgré toutes ces actions, les efforts du Shoshin-kai se révélèrent en fin de compte totalement vains.
Le conflit qui opposait les moines du Shoshin-kai au grand patriarche Nikken et au bureau administratif de la Nichiren Shoshu s’aggrava, et conduisit finalement à une véritable scission.
Alors que la Nichiren Shoshu se trouvait dans une situation de crise et de désarroi, la Soka Gakkai conserva son engagement indéfectible à maintenir des relations harmonieuses entre le clergé et les pratiquants laïcs.
Le 18 novembre 1980, une réunion festive eut lieu dans le gymnase central de l’université Soka pour commémorer le 50e anniversaire de la fondation de la Soka Gakkai.
Shin’ichi s’installa sur la scène, avec un air confiant et énergique. Quand il se leva pour prendre la parole, un tonnerre d’applaudissements résonna dans la salle.
« J’aimerais commencer par exprimer mes profonds remerciements au premier président Tsunesaburo Makiguchi, qui a fondé la Soka Gakkai, et au deuxième président Josei Toda, qui en a établi les fondations et fut la source de son exceptionnel développement actuel.
« J’aimerais également remercier sincèrement, de tout mon cœur, les membres pionniers et dévoués qui ont partagé joies et épreuves tout au long de l’ascension escarpée de la montagne de kosen rufu au cours des cinquante dernières années, ainsi que tous les membres.
« Si nous poursuivons notre lutte en nous consacrant sincèrement à la foi, si nous continuons d’agir avec courage pour transmettre le bouddhisme de Nichiren avec la volonté de réaliser kosen rufu, la Soka Gakkai perdurera éternellement.
« Le premier acte du grand mouvement des personnes ordinaires de la Soka Gakkai, qui se consacre à promouvoir la paix et l’éducation avec comme fondement la Loi merveilleuse, s’achève. Le rideau se lève maintenant sur le deuxième acte !
« À partir d’aujourd’hui, en prenant pour perspective le centenaire de la fondation de la Soka Gakkai, renouvelons notre détermination à agir avec encore plus d’ardeur pour promouvoir la paix et la culture dans le monde et faire avancer notre mouvement de kosen rufu ! »
La déclaration de Shin’ichi était comparable au puissant rugissement d’un lion. Nichiren Daishonin écrit : « Le roi-lion ne craint aucune autre bête sauvage, pas plus que ses lionceaux. » (Écrits, 1008) Le cœur des membres débordait de combativité.
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L’année 1981 débuta. Ce serait une année décisive pour la contre-offensive lancée par la Soka Gakkai quelques mois auparavant.
L’organisation avait appelé 1981 l’« Année de la jeunesse ». Les membres firent ensemble le vœu de prendre un nouveau départ.
Le jour du Nouvel An, Shin’ichi Yamamoto se rappela un poème que son maître Josei Toda avait écrit ce jour-là, en 1952. En mai de l’année précédente, Josei Toda était devenu le deuxième président de la Soka Gakkai.
Maintenant, entreprenons un voyage,
avec un cœur courageux,
pour transmettre la Loi merveilleuse
jusqu’aux confins
de l’Inde.
Ce poème avait été exposé à côté du portrait de Toda dans l’auditorium de l’université Nihon, lors de la cérémonie d’investiture de Shin’ichi en tant que troisième président de la Soka Gakkai, le 3 mai 1960. Avec ce poème gravé dans son cœur, Shin’ichi fixa le portrait de son maître et fit le vœu profond d’engager la grande lutte de sa vie pour répandre les enseignements du bouddhisme de Nichiren et de poursuivre son voyage pour le kosen rufu mondial, en tant que disciple faisant un en esprit avec son maître.
Le matin de son accession à la présidence, Shin’ichi avait également écrit un poème dans lequel il exprimait son vœu de vivre en restant fidèle aux mots de son maître :
« Ne sois pas vaincu ! »
« Prends résolument la tête ! »
La voix de mon maître
résonne encore puissamment
dans les profondeurs de mon être.
Et là, en ce jour du Nouvel An 1981, il prit la résolution d’assumer l’entière responsabilité de kosen rufu, en déployant des efforts encore plus grands pour voyager dans le monde et œuvrer main dans la main avec les membres présents partout sur la planète.
Le lendemain, 2 janvier, il allait fêter ses 53 ans. La vie est courte, et il y avait tant de choses à accomplir à ce moment précis pour le kosen rufu mondial. Il ne pouvait pas se permettre un seul instant d’hésitation.
La Nichiren Shoshu montrait des signes croissants d’agitation. Shin’ichi était déterminé à ouvrir une nouvelle voie, tout en continuant de soutenir ses compagnons de pratique face aux attaques et à protéger le clergé, quoi qu’il advienne.
Le soir du 13 janvier, Shin’ichi prit l’avion à l’aéroport de Narita pour se rendre à Hawaï. Son voyage hors du Japon, d’une durée de deux mois, allait le conduire à Hawaï, Los Angeles, Miami et dans d’autres villes américaines, et finirait au Panama et au Mexique.
Durant son séjour à Hawaï eut lieu la première conférence d’étude internationale, à laquelle participèrent des représentants de quinze pays et territoires. Shin’ichi sentit qu’il était crucial de s’ancrer profondément dans les enseignements du bouddhisme de Nichiren, qui constituent le fondement du respect authentique de la dignité de la vie, et qu’il devait établir une philosophie de paix universelle pour toute l’humanité.
- *1Campagne de Yamaguchi : une campagne de transmission qui se déroula sur trois mois, entre octobre et novembre 1956, puis en janvier 1957. En accord avec les instructions du président Toda, le jeune Daisaku Ikeda se rendit dans la préfecture de Yamaguchi pour y engager des efforts sans précédent en vue d’y développer le mouvement de kosen rufu. Fin septembre 1956, juste avant le début de la campagne, la Soka Gakkai comptait 459 familles pratiquantes dans Yamaguchi. À la fin du mois de janvier 1957, ce nombre avait été multiplié par dix, avec un total de 4 073 familles.
- *2Traduit de l’anglais. Hans Christian Andersen, A Poet’s Bazaar: Pictures of Travel in Germany, Italy, Greece, and the Orient (Le bazar du poète : Images de voyage en Allemagne, Italie, Grèce et en Orient), New York, Hurd and Houghton, 1871, p. 342.